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  • Photo du rédacteurVincent Pessama

Atelier d'écriture sur les plaisirs de la vie et les souvenirs qui font du bien

Cette séance a été proposée aux groupes de L'Université du Temps Libre de Libourne et Créon.

Cet atelier était basé sur deux exercices.


Exercice 1 : L'énumération (40 minutes d'écriture)


Pour ce premier exercice, nous nous sommes servis du livre de Françoise Héritier, Le sel de la vie.


Pour s'échauffer et se familiariser avec la technique de l'énumération, les participants disposaient de 20 minutes pour lister, sans réfléchir, des petits plaisirs du quotidien et/ou des souvenirs positifs (même lointains). Les idées devaient être notées, dans l'ordre d'apparition, sans tri et enchainées les unes autres séparées par une virgule. On s'approche ici de l'écriture automatique.


EXTRAIT


(…) Les vacances, le théâtre, le cinéma, l’opéra, les concerts, les expositions, la lecture, la musique que l’on écoute ou que l’on pratique, les arts divers où l’on s’exerce, la promenade le nez en l’air, les excursions, les voyages, le jardinage (…)


Une fois à court d'idées, il fallait relever le stylo et reprendre plus bas une autre liste démarrant par J'ai oublié.


EXTRAIT


(…) j’ai oublié les fous rires, les coups de fil à bâtons rompus, les lettres manuscrites, les repas de famille (certains) ou entre amis, les bières au comptoir, les coups de rouge et les petits blancs, le café au soleil, la sieste à l’ombre, manger des huîtres en bord de mer ou des cerises sur l’arbre, (…)


Au bout de 20 minutes, après relecture de ses listes aléatoires, il fallait choisir 3 ou 4 souvenirs ou petits plaisirs et les développer de la manière suivante :

  • Démarrer chaque idée par un verbe à l'infinitif

  • La déployer sur 2 ou 3 lignes

  • Les séparer par une virgule (comme si c'était une très grande phrase)

Cette nouvelle étape devait être réalisée également en 20 minutes.


EXTRAIT


(…) avoir été amoureuse du capitaine Charles-André Julien-Brun qui dirigeait l’orchestre des chorales des lycées de Paris lors de la distribution des prix du Concours général à la Sorbonne entre 1946 et 1950, avoir vécu deux mois, le temps de la scarlatine de son frère, avant les antibiotiques, dans un pensionnat pour sourds-muets, et passé quelques années chez les sœurs Saint-Charles au cours Sévigné à Saint-Étienne, jouir de la solitude et se planquer quand il y a trop d’effervescence (…)


D'ici quelques mois, je collecterai des souvenirs et petits plaisirs issus de ce travail, afin d'en faire un texte collectif qui ouvrira notre recueil de fin d'année.


Pour approfondir : la technique de l'énumération.


Cette technique (aussi appelée inventaire ou liste) est très utile pour stimuler l'imaginaire. En effet, nous n'avons pas besoin de réfléchir au style, à la formulation... Juste à accueillir les idées dans l'ordre d'apparition.


Cette technique offre aussi la possibilité de travailler par couches. En se laissant porter suffisamment longtemps par le flot des idées (je répète : que l'on accueille sans jugement), on passe peu à peu la barrière de l'inconscient. Des souvenirs enfouis peuvent ainsi remonter à la surface et des idées qui ne demandent qu'à briller jaillissent de l'obscurité.


Cette technique permet d'accumuler des idées, des pistes et des directions autour d'un sujet. Ces bribes peuvent d'ailleurs réapparaître au fil des listes, parfois reformulées, parfois sous une autre forme... C'est le signe que le travail d'écriture se précise !


Exercice 2 : L'élargissement et la mise en scène (30 minutes d'écriture)


Pour cette deuxième partie, il fallait choisir une idée parmi la liste de l'exercice 1. Cette idée devait servir de base à la rédaction d'un court récit à la manière de Philippe Delerm dans La première gorgée de bière.


Ce exercice consistait à mettre en scène ce souvenir ou petit plaisir en respectant les contraintes suivantes :

  • Emploi généralisé du On

  • Utilisation de phrases concises (écriture minimaliste) et imagées (... avec la prudence d'un guetteur d'indien ... avec la méticulosité d'un horloger)

  • Choix d'un titre évocateur (lien direct avec votre texte)

  • Conclusion en une phrase qui boucle le texte en lien avec le titre ou le sujet


La principale difficulté dans cet exercice est la mise à distance d'un souvenir personnel. L'utilisation du On permet ce recul. Il offre une généralisation du propos, il tente de le rendre universel, de fédérer le lecteur.


L'emploi du présent peut aider à raconter votre situation.


Pour approfondir : l'emploi du pronom "On" dans la littérature.


"On" est souvent utilisé de manière pour désigner des personnes de manière générale ou indéterminée. "On" peut être équivalent à "nous" dans certains contextes, mais il est plus décontracté et moins formel. "On" est également couramment utilisé pour exprimer des opinions générales, des faits, ou pour éviter de spécifier qui fait une action. "On" est fréquemment utilisé dans la langue parlée.


Le pronom "on" peut également être utilisé dans la narration d'un récit pour créer un effet d'implication du lecteur (comme s'il faisait partie de l'histoire).


L'emploi du "on" dans les textes de La première gorgée de bière peut donner l'impression au lecteur de faire partie de l'expérience décrite. Ce procédé contribue à créer une atmosphère immersive et suscite une proximité du lecteur avec l'auteur (il peut se sentir partie prenante de la situation).


Dans cet exercice littéraire, l'auteur n'utilise jamais le "je", ce qui peut donner une perspective plus collective et moins centrée sur l'individu et rendre le propos plus universel.




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